Du pôle Nord au Sud, coup de chaud sur les glaces
De récents travaux alertent sur l’accélération de la fonte des calottes glaciaires de l’Antarctique et du Groenland et leurs conséquences sur la montée du niveau des mers.
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Partout, elles craquent, grincent, se morcellent et chavirent. Les glaces fondent plus vite que jamais, tant au nord qu’au sud du globe, sous l’effet du réchauffement de l’atmosphère et des océans. Dans une série d’études scientifiques récentes, de nombreux chercheurs alertent sur la disparition accélérée des grandes étendues blanches des pôles et leurs conséquences sur l’environnement de la planète : montée du niveau des mers et multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes.
L’alarme vient d’abord du Groenland, qui enregistre un réchauffement de 3 °C depuis cent ans. La fonte des glaces y a été multipliée par quatre en dix ans, avec une moyenne de 280 milliards de tonnes de glaces perdues chaque année entre 2002 et 2016, selon une étude publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), le 22 janvier. L’ensemble de l’inlandsis est affecté, essentiellement en raison du réchauffement de l’air qui fait fondre la surface de la calotte. « Le Groenland a atteint un point de basculement », prévient Michael Bevis, l’auteur principal, professeur à l’université d’Etat de l’Ohio, aux Etats-Unis.
Mais dorénavant, c’est également l’Antarctique qui préoccupe les scientifiques. La débâcle des glaces y est six fois plus rapide qu’il y a quarante ans, selon une autre étude publiée dans la même édition des PNAS. Ces vastes travaux estiment que le continent blanc a perdu 252 milliards de tonnes de masse glaciaire par an entre 2009 et 2017, contre 40 milliards chaque année sur la période 1979-1990.
Courants sous-marins plus chauds
« Les vents d’ouest, qui tournent autour de l’Antarctique, s’intensifient avec le réchauffement du climat. Ils envoient de la chaleur le long des côtes du continent blanc, un phénomène plus rapide que le réchauffement global de l’océan », explique Eric Rignot, premier auteur de l’étude, glaciologue à l’université de Californie, à Irvine, aux Etats-Unis et chercheur au Jet Propulsion Laboratory de la NASA.
Ces courants sous-marins plus chauds grignotent la base des plateformes glaciaires flottantes de l’Antarctique, qui finissent par se détacher sous forme d’icebergs. Or, ces parties côtières font office de « bouchons » pour les glaciers qui sont en amont. Libérés de leurs contraintes, ces derniers « accélèrent », c’est-à-dire que leur écoulement augmente vers la mer. Ce n’est pas tout. La perte d’épaisseur des glaciers fait également reculer la ligne d’échouage, c’est-à-dire la zone de transition entre la partie où les glaces flottent et celles où elles reposent sur le socle de terre. De quoi créer une instabilité et augmenter encore la débâcle des glaces.
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